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Guide pour les victimes de violences sexuelles : Tu n'es pas seul·e

Si tu lis ces lignes, c'est peut-être que tu cherches des réponses. Peut-être que tu te demandes si ce qui t'est arrivé est "normal", si tu as le droit de ressentir ce que tu ressens, ou simplement comment faire pour aller mieux.

Ce guide est là pour toi. Pour t'accompagner, t'expliquer, et surtout te dire une chose essentielle : ce qui t'est arrivé n'est pas de ta faute. Jamais.


Première partie : Ce que tu ressens est normal

La culpabilité : ce poids que tu portes

"J'aurais dû dire non plus fort." "Je n'aurais pas dû être là." "C'est peut-être moi qui ai donné de mauvais signaux."

Ces pensées, tu les connais peut-être. Elles tournent en boucle dans ta tête, surtout la nuit. Cette culpabilité, elle est lourde, écrasante même. Mais sais-tu d'où elle vient vraiment ?

La culpabilité, c'est souvent notre cerveau qui essaye de reprendre le contrôle. Face à quelque chose d'incompréhensible et de traumatisant, il cherche une explication. Et parfois, la seule explication qu'il trouve, c'est de se dire qu'on aurait pu faire quelque chose différemment. C'est une illusion de contrôle.

Les agresseurs le savent. Ils comptent même là-dessus. Beaucoup vont te dire que "tu l'as cherché", que "tu aimais ça", ou que "c'était pour ton bien". Ce sont des mensonges. Des stratégies pour te faire porter leur responsabilité.

La vérité : La seule personne responsable d'une agression, c'est l'agresseur. Peu importe où tu étais, comment tu étais habillé·e, si tu avais bu, si tu connaissais la personne. Rien ne justifie une agression. Rien.

La honte : ce secret qui t'isole

La honte, c'est différent de la culpabilité. C'est cette sensation d'être sali·e, marqué·e, différent·e des autres. C'est la peur du regard des autres, la certitude qu'ils vont te juger si ils savaient.

Tu peux avoir l'impression de porter une marque invisible que tout le monde peut voir. Certains jours, tu évites les miroirs. Tu te sens déconnecté·e de ton propre corps, comme s'il t'avait trahi.

Cette honte, elle n'est pas à toi. Elle appartient à ton agresseur. C'est lui qui devrait avoir honte, pas toi. Tu as survécu. Tu es là. Et ça, c'est déjà énorme.

La peur : cette alarme constante

Depuis que c'est arrivé, tu vis peut-être dans un état d'alerte permanent. Un bruit soudain te fait sursauter. Une odeur, une chanson, un endroit peuvent te ramener brutalement là-bas. Ton corps se tend, ton cœur s'emballe, tu as envie de fuir.

C'est ton cerveau qui essaye de te protéger. Il a enregistré le danger et maintenant, il voit des menaces partout. C'est épuisant, je sais. Tu peux avoir peur :

  • De croiser ton agresseur
  • Que ça recommence
  • De ne pas être cru·e
  • De perdre le contrôle
  • De devenir "fou/folle"

Ces peurs sont normales après ce que tu as vécu. Ton cerveau fait son travail de survie, même si parfois il en fait trop.

La colère : cette force qui bouillonne

Tu as le droit d'être en colère. Vraiment.

En colère contre ton agresseur, évidemment. Mais aussi contre ceux qui n'ont rien vu, rien fait. Contre le monde entier parfois. Et peut-être même contre toi-même.

Cette colère, elle est légitime. C'est ton sentiment de justice qui hurle. C'est ta partie saine qui sait que ce qui t'est arrivé est inacceptable. Ne la refoule pas. Elle peut devenir une force, un moteur pour te reconstruire.

Parfois, cette colère fait peur. Tu as peur d'exploser, de faire du mal. Ou au contraire, tu ne ressens plus rien, comme anesthésié·e. Les deux sont des mécanismes de protection.

La tristesse : ce deuil nécessaire

Il y a une partie de toi qui est partie ce jour-là. Ton innocence, ta confiance, ta légèreté peut-être. C'est normal d'être triste pour ça. C'est même nécessaire.

Pleurer, ce n'est pas être faible. C'est permettre à la douleur de sortir. Certains jours, tu auras l'impression de te noyer dans cette tristesse. D'autres jours, tu te sentiras vide, comme si plus rien n'avait d'importance.

Cette tristesse, elle vient par vagues. Parfois quand tu t'y attends le moins. Laisse-la venir, laisse-la partir. Elle fait partie du chemin.

La confusion : quand plus rien n'a de sens

"Est-ce que c'était vraiment si grave ?" "Peut-être que j'exagère..." "Et si j'avais mal compris ?"

Ton esprit doute. C'est normal, surtout si :

  • Tu connaissais ton agresseur (c'est le cas dans 90% des situations)
  • Il n'y a pas eu de violence physique "visible"
  • Tu as des souvenirs flous ou des trous de mémoire
  • Ton entourage minimise ce qui s'est passé

Cette confusion, elle est renforcée par tous les mythes qui circulent sur les violences sexuelles. Non, un viol ce n'est pas forcément un inconnu dans une ruelle sombre. Non, ton corps qui a "réagi" ne signifie pas que tu étais consentant·e. Non, le fait de ne pas avoir crié ou de ne pas t'être débattu·e ne veut pas dire que tu étais d'accord.


Deuxième partie : Comprendre ce qui t'arrive dans ton corps et ta tête

La sidération : pourquoi tu n'as pas pu réagir

"Pourquoi je n'ai pas crié ?" "Pourquoi je ne me suis pas débattu·e ?" "Pourquoi je suis resté·e figé·e ?"

Ces questions, elles te torturent peut-être. La réponse est simple : tu étais en état de sidération. C'est un mécanisme de survie automatique, aussi vieux que l'humanité.

Face à un danger extrême, notre cerveau a trois options : fuir, combattre, ou... se figer. Quand les deux premières sont impossibles (l'agresseur est plus fort, on est coincé·e, on est un enfant face à un adulte...), le cerveau choisit la sidération.

C'est comme un court-circuit. Ton cerveau déconnecte pour te protéger. Tu ne peux plus bouger, plus parler, parfois même plus penser. C'est ton corps qui te protège comme il peut.

Ce n'est pas de la passivité. C'est de la survie.

La dissociation : quand tu te sens déconnecté·e

Depuis l'agression, tu as peut-être des moments où :

  • Tu te sens comme dans un rêve, ou un film
  • Tu regardes ta vie de l'extérieur
  • Tu ne ressens plus rien, ni physiquement ni émotionnellement
  • Tu as l'impression que ton corps n'est pas vraiment le tien
  • Le temps semble s'étirer ou au contraire passer sans que tu t'en rendes compte

C'est ce qu'on appelle la dissociation. Ton cerveau a appris à "partir" pour se protéger de la souffrance. C'est un mécanisme de protection extraordinaire, mais qui peut devenir handicapant au quotidien.

Certaines victimes décrivent ça comme être "spectateur de sa propre vie". D'autres parlent d'un brouillard permanent, d'une vitre invisible entre eux et le monde.

Si ça t'arrive, sache que :

  • Tu n'es pas en train de devenir fou/folle
  • C'est réversible avec de l'aide
  • Des techniques existent pour revenir dans le présent

La mémoire traumatique : ces souvenirs qui s'imposent

Un parfum, un bruit, un geste, et soudain tu es projeté·e en arrière. Ton corps réagit comme si l'agression était en train de se reproduire. Ton cœur s'emballe, tu as des sueurs froides, tu paniques.

Ces flashbacks, c'est ta mémoire traumatique qui se déclenche. Lors de l'agression, ton cerveau n'a pas pu traiter correctement l'information à cause du stress extrême. Du coup, le souvenir est resté "coincé", brut, non digéré.

C'est comme si ton cerveau avait pris une photo ultra-précise de ce moment, avec toutes les sensations, les odeurs, les sons. Et maintenant, le moindre détail similaire peut déclencher la projection de cette "photo" dans ton esprit.

Parfois, c'est l'inverse : tu as des trous de mémoire. Des moments entiers qui ont disparu. C'est l'amnésie traumatique. Ton cerveau a "effacé" pour te protéger. Parfois les souvenirs reviennent plus tard, parfois non. Dans tous les cas, ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est comment tu te sens maintenant.

Les symptômes au quotidien : quand tout devient difficile

Depuis l'agression, ta vie a peut-être complètement changé :

Le sommeil :

  • Tu fais des cauchemars
  • Tu as peur de t'endormir
  • Tu te réveilles en sursaut
  • Tu dors trop ou pas assez

L'alimentation :

  • Tu n'as plus d'appétit ou au contraire tu manges pour combler un vide
  • Certains aliments te dégoûtent
  • Tu as mal au ventre en permanence

Les relations :

  • Tu ne supportes plus qu'on te touche
  • Ou au contraire tu recherches le contact à tout prix
  • Tu ne fais plus confiance
  • Tu t'isoles

Le quotidien :

  • Tu ne peux plus te concentrer
  • Ta mémoire te joue des tours
  • Tu es constamment fatigué·e
  • Tu sursautes au moindre bruit
  • Tu vérifies dix fois les serrures

Tous ces symptômes ont un nom : le syndrome de stress post-traumatique. Ce n'est pas une faiblesse. C'est une blessure psychologique, aussi réelle qu'une blessure physique.


Troisième partie : Reconnaître et comprendre les violences sexuelles

Ce qu'est vraiment une violence sexuelle

On a souvent une image très limitée de ce qu'est une violence sexuelle. On imagine un inconnu, la nuit, avec violence physique. La réalité est bien différente.

Une violence sexuelle, c'est tout acte de nature sexuelle commis sans ton consentement. Point. Voici les différentes formes que cela peut prendre :

Un viol (avec pénétration)

Le viol, c'est quand quelqu'un introduit quelque chose dans ton corps de manière sexuelle sans ton accord. Ça peut être :

  • Une pénétration vaginale (avec un pénis, un doigt, un objet)
  • Une pénétration anale (avec un pénis, un doigt, un objet)
  • Une pénétration buccale (forcer à faire une fellation)

Exemples concrets :

  • Ton petit ami insiste encore et encore, tu finis par dire oui juste pour qu'il arrête, mais au fond tu ne veux pas → C'est un viol
  • Tu t'es endormi·e à une soirée et tu te réveilles avec quelqu'un en train de te pénétrer → C'est un viol
  • Un adulte de ta famille touche tes parties intimes et met son doigt à l'intérieur de ton corps → C'est un viol
  • Quelqu'un te force à mettre sa partie intime dans ta bouche → C'est un viol

Pour un enfant : Si un adulte ou un plus grand met quelque chose dans ton corps, dans ton zizi, dans ton vagin ou dans tes fesses, ou te force à mettre sa partie intime dans ta bouche, c'est un viol. Même si la personne dit que c'est un jeu ou un secret, c'est interdit et très grave.

Une agression sexuelle (attouchements, caresses forcées...)

C'est quand quelqu'un te touche de façon sexuelle sans ton accord, même s'il n'y a pas de pénétration.

Exemples concrets :

  • Quelqu'un touche tes seins, tes fesses ou tes parties intimes par-dessus ou sous tes vêtements
  • Une personne t'embrasse de force
  • Ton entraîneur te fait des massages qui touchent tes parties intimes
  • Quelqu'un se frotte contre toi dans le métro
  • On te force à toucher les parties intimes de quelqu'un d'autre

Pour un enfant : Si quelqu'un touche ton zizi, ton vagin, tes fesses ou ta poitrine, ou te demande de toucher ses parties intimes, même par-dessus les vêtements, c'est une agression sexuelle. Ton corps t'appartient et personne n'a le droit de le toucher comme ça.

Du harcèlement sexuel

C'est quand quelqu'un te fait des remarques ou des gestes à caractère sexuel de façon répétée, ou une seule fois si c'est très grave, et que ça crée pour toi un environnement hostile.

Exemples concrets :

  • Ton patron fait sans arrêt des commentaires sur ton physique ou ta tenue
  • Quelqu'un t'envoie des messages à caractère sexuel même après que tu as dit non
  • Un professeur fait des blagues sales et regarde ton corps de façon insistante
  • Un collègue te montre des images pornographiques à répétition
  • Quelqu'un siffle, fait des bruits de bisous ou des commentaires gênants quand tu passes

Pour un enfant : Si quelqu'un te dit souvent des choses qui parlent de sexe et qui te mettent mal à l'aise, te fait des compliments bizarres sur ton corps, ou ne te laisse pas tranquille même quand tu dis que tu n'aimes pas ça, c'est du harcèlement sexuel.

Du chantage sexuel

C'est quand quelqu'un utilise des menaces ou son pouvoir sur toi pour t'obliger à faire des choses sexuelles.

Exemples concrets :

  • "Si tu ne couches pas avec moi, je te quitte"
  • "Si tu ne m'envoies pas de photos de toi nu·e, je dis à tout le monde ton secret"
  • "Si tu refuses, tu auras une mauvaise note / tu perds ton travail"
  • "Si tu ne fais pas ça, je dis à tes parents que tu es rentré·e tard"
  • "Je vais me suicider si tu ne fais pas l'amour avec moi"

Pour un enfant : Si quelqu'un te dit "si tu ne fais pas ça (quelque chose de sexuel), alors je vais faire du mal à ton animal/à ta famille" ou "si tu ne fais pas ça, tu seras puni·e", c'est du chantage sexuel. Même si tu as peur, ce n'est pas de ta faute.

Des photos ou vidéos intimes partagées sans ton accord

C'est quand quelqu'un diffuse, montre ou partage des images de toi nu·e ou dans une situation sexuelle, alors que tu n'as pas donné ton accord.

Exemples concrets :

  • Ton ex partage des photos intimes que tu lui avais envoyées
  • Quelqu'un te filme pendant un rapport sexuel sans que tu le saches
  • Quelqu'un partage une vidéo de toi nu·e sur les réseaux sociaux
  • On fait des captures d'écran de photos intimes et les montre à d'autres
  • Quelqu'un monte ton visage sur un corps nu et diffuse l'image

Pour un enfant : Si quelqu'un prend des photos de toi sans tes vêtements, ou des photos de tes parties intimes, ou partage ces photos à d'autres, c'est interdit. Même si la personne dit que c'est pour garder un souvenir ou que c'est artistique, ce n'est pas normal.

Des commentaires ou gestes à caractère sexuel non désirés

Ce sont des paroles ou des gestes qui parlent de sexe et qui te mettent mal à l'aise, même s'il n'y a pas de contact physique.

Exemples concrets :

  • Quelqu'un fait des bruits de succion ou des gestes obscènes quand tu passes
  • On te demande des détails sur ta vie sexuelle alors que tu ne veux pas en parler
  • Quelqu'un fait des commentaires sur ce qu'il aimerait te faire sexuellement
  • On te regarde de haut en bas de manière insistante et dérangeante
  • Quelqu'un t'envoie des emojis à connotation sexuelle non désirés

Pour un enfant : Si quelqu'un te parle de choses sexuelles, te demande si tu as un amoureux/une amoureuse et pose des questions bizarres sur ça, ou te fait des gestes qui te gênent (montrer son zizi, se toucher devant toi), tu as le droit de dire non et d'en parler à un adulte de confiance.

Le fait d'être forcé·e à regarder des images pornographiques

C'est quand quelqu'un t'oblige à regarder des images, vidéos ou contenus sexuels contre ta volonté.

Exemples concrets :

  • Quelqu'un te montre des vidéos pornographiques sur son téléphone et insiste même si tu détournes le regard
  • Un adulte regarde de la pornographie en ta présence et te force à regarder
  • Quelqu'un t'envoie des liens vers des sites pornographiques de manière répétée
  • Une personne te montre ses parties intimes en vrai ou en photo
  • On te force à regarder d'autres personnes avoir des relations sexuelles

Pour un enfant : Si un adulte te montre des images de personnes nues ou qui font des choses sexuelles, ou te montre ses parties intimes, c'est interdit. Même si la personne dit que c'est pour "t'éduquer" ou "te montrer comment ça marche", ce n'est pas normal.


Dans 9 cas sur 10, l'agresseur est connu de la victime. C'est un proche, un ami, un conjoint, un membre de la famille, un collègue. Oui, on peut être violé·e par son conjoint. Oui, l'inceste existe et il est bien plus fréquent qu'on ne le croit.

Le consentement : ce mot qu'on comprend mal

Le consentement, ce n'est pas :

  • Ne pas dire non (le silence n'est pas un oui)
  • Céder après insistance
  • Dire oui sous la menace ou le chantage
  • Dire oui quand on est trop alcoolisé·e ou drogué·e pour décider
  • Dire oui à une chose et pas à une autre
  • Dire oui une fois et que ce soit valable pour toujours

Le consentement, c'est :

  • Libre : sans pression, menace ou manipulation
  • Éclairé : tu sais à quoi tu dis oui
  • Spécifique : oui pour un bisou ne veut pas dire oui pour plus
  • Réversible : tu peux changer d'avis à tout moment
  • Enthousiaste : un vrai oui, pas un "bon ok si tu insistes..."

Si tu étais mineur·e, si tu étais en état de vulnérabilité (handicap, maladie, état d'ivresse...), si la personne avait autorité sur toi (prof, patron, parent...), alors tu ne pouvais pas consentir librement. La loi est claire là-dessus.

Les stratégies des agresseurs : reconnaître la manipulation

Les agresseurs ne sont pas des monstres reconnaissables au premier coup d'œil. Au contraire, ils sont souvent charmants, serviables, "gentils". Ils utilisent des stratégies bien rodées :

1. Le repérage Ils cherchent des personnes vulnérables : isolées, jeunes, en manque de confiance, en situation de dépendance...

2. L'approche Ils se montrent attentifs, compréhensifs. Ils comblent un vide. "Tu es spécial·e", "Je suis le seul à vraiment te comprendre".

3. L'isolement Progressivement, ils coupent leurs victimes de leur entourage. "Tes amis sont jaloux", "Ta famille ne te comprend pas", "On n'a besoin de personne d'autre".

4. La désensibilisation Ils repoussent les limites petit à petit. Une blague déplacée, un geste "accidentel", une image "pour rire". Ils testent, normalisent.

5. L'agression Quand la victime est suffisamment isolée et déstabilisée, ils passent à l'acte.

6. Le maintien du secret "Personne ne te croira", "C'est notre secret", "Si tu parles, je dirai que c'est toi qui voulais", "Tu vas détruire la famille".

Reconnaître ces stratégies, c'est comprendre que tu as été piégé·e. Ce n'est pas de la naïveté de ta part. C'est de la manipulation de la leur.


Quatrième partie : Comment en parler

Choisir la bonne personne

Parler, c'est déjà énorme. C'est briser le silence que ton agresseur t'a imposé. Mais à qui parler ? Comment savoir à qui faire confiance ?

Les signes d'une personne de confiance :

  • Elle t'écoute sans t'interrompre
  • Elle ne minimise pas ce que tu dis
  • Elle ne te juge pas
  • Elle respecte ton rythme
  • Elle ne prend pas de décisions à ta place
  • Elle te croit

Les signaux d'alerte :

  • "Tu es sûr·e ? Il est si gentil pourtant..."
  • "Tu devrais passer à autre chose"
  • "Il y a pire dans la vie"
  • "Qu'est-ce que tu as fait pour que ça arrive ?"
  • "Il faut pardonner pour avancer"

Si la première personne à qui tu parles réagit mal, ça ne veut pas dire que tu as tort de parler. Ça veut dire que cette personne n'est pas capable de t'entendre. Essaye avec quelqu'un d'autre.

Les premiers mots : comment commencer

C'est normal de ne pas savoir comment commencer. Voici quelques pistes :

Version directe : "J'ai quelque chose d'important à te dire. J'ai été agressé·e sexuellement."

Version progressive : "Il m'est arrivé quelque chose de difficile. J'aimerais t'en parler mais c'est compliqué pour moi."

Version écrite : Parfois, c'est plus facile d'écrire. Un message, une lettre. "Je n'arrive pas à le dire à voix haute alors je t'écris..."

Ce que tu peux préciser :

  • "J'ai besoin que tu m'écoutes sans me poser trop de questions pour l'instant"
  • "Je ne suis pas prêt·e à aller porter plainte, j'ai juste besoin d'en parler"
  • "S'il te plaît, garde ça pour toi pour le moment"

Tu n'es pas obligé·e de tout raconter d'un coup. Tu peux donner les informations par petits bouts, à ton rythme.

Les réactions possibles de ton entourage

Quand tu parles, les gens peuvent avoir des réactions qui te surprennent ou te blessent. C'est important de comprendre pourquoi, pour ne pas prendre ça personnellement.

Le déni : "Non, c'est impossible, pas lui/elle !" C'est leur cerveau qui refuse l'information parce qu'elle est trop violente. Ça ne veut pas dire qu'ils ne te croient pas au fond.

La colère déplacée : "Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ?" C'est souvent de la culpabilité déguisée. Ils se sentent coupables de ne pas avoir vu, de ne pas avoir protégé.

La minimisation : "C'était il y a longtemps, il faut passer à autre chose" C'est une forme de protection. Ils ne supportent pas de te voir souffrir alors ils essayent de minimiser pour que tu ailles mieux.

La surprotection : "Je vais le tuer !" "Tu ne sors plus seul·e !" C'est leur impuissance qui s'exprime. Ils veulent agir mais ne savent pas comment.

Rappelle-toi : leurs réactions leur appartiennent. Tu n'es pas responsable de leurs émotions.


Cinquième partie : Le parcours médical

L'urgence : les premières 72 heures

Si l'agression est récente (moins de 72h), il y a des choses importantes à savoir :

Ne te lave pas si possible. Je sais, c'est horrible, tu as envie de tout effacer. Mais ton corps porte des preuves qui peuvent être importantes.

Garde tous les vêtements que tu portais dans un sac (papier de préférence, pas plastique).

Va aux urgences ou dans une Unité Médico-Judiciaire (UMJ). Même si tu n'es pas sûr·e de vouloir porter plainte. Tu pourras :

  • Recevoir des traitements préventifs contre le VIH et les infections
  • Avoir une contraception d'urgence si nécessaire
  • Faire constater les blessures physiques et psychologiques
  • Faire des prélèvements qui seront conservés (au cas où tu déciderais de porter plainte plus tard)

Tu as le droit d'être accompagné·e, de refuser certains examens, de poser des questions, de prendre ton temps.

Le certificat médical : une preuve importante

Même des semaines, des mois après, un médecin peut établir un certificat médical. Il constatera :

  • Ton état psychologique (anxiété, dépression, stress post-traumatique...)
  • Les symptômes physiques (troubles du sommeil, de l'alimentation...)
  • Les conséquences sur ta vie quotidienne

Ce certificat est une preuve. Garde-le précieusement, même si tu n'es pas sûr·e de ce que tu veux faire après.

Important : Tous les médecins ne sont pas formés. Si tu tombes sur quelqu'un qui minimise ou qui te juge, change de médecin. Tu mérites d'être bien soigné·e.

Les soins à long terme : prendre soin de toi

Les violences sexuelles peuvent avoir des conséquences sur ta santé pendant longtemps :

  • Infections sexuellement transmissibles
  • Grossesse non désirée
  • Douleurs chroniques (ventre, dos, tête...)
  • Troubles gynécologiques ou urologiques
  • Problèmes digestifs

N'aie pas honte d'en parler à ton médecin. Si certains symptômes apparaissent, même longtemps après, ça peut être lié.

Tu peux demander à être suivi·e par un·e professionnel·le du même sexe que toi si ça te met plus à l'aise.


Sixième partie : Le parcours judiciaire

Porter plainte : ton droit, pas ton obligation

Porter plainte, c'est un droit. Pas un devoir. C'est ta décision, et personne ne peut te forcer ni t'en empêcher.

Pourquoi certaines victimes portent plainte :

  • Pour que ce soit reconnu officiellement
  • Pour protéger d'autres victimes potentielles
  • Pour obtenir justice et réparation
  • Pour tourner la page

Pourquoi certaines victimes ne portent pas plainte :

  • Par peur de ne pas être crues
  • Parce que c'est trop dur psychologiquement
  • Par peur des représailles
  • Parce qu'elles veulent protéger leur famille

Les deux choix sont légitimes. Ne laisse personne te culpabiliser, quelle que soit ta décision.

Les délais : le temps de la justice

Pour les majeur·es :

  • Viol : 20 ans après les faits
  • Agression sexuelle : 6 ans après les faits

Pour les mineur·es :

  • Viol sur mineur : jusqu'à 30 ans après la majorité (donc jusqu'à 48 ans)
  • Agression sexuelle sur mineur : jusqu'à 20 ans après la majorité (jusqu'à 38 ans)

Mais attention : Plus tu attends, plus il sera difficile de rassembler des preuves. Cela dit, même sans preuves matérielles, ta parole compte.

Comment porter plainte : les différentes façons

1. Au commissariat ou à la gendarmerie

Tu peux aller dans n'importe quel commissariat ou gendarmerie. Ils ne peuvent pas refuser ta plainte (c'est la loi).

Tes droits :

  • Être reçu·e dans un endroit confidentiel
  • Être entendu·e par une personne du sexe de ton choix (si possible)
  • Être accompagné·e par une personne de confiance
  • Demander un·e interprète si besoin
  • Relire et corriger ta déposition
  • Recevoir une copie de ta plainte

Conseils :

  • Prépare ton récit à l'avance, par écrit si ça t'aide
  • Note les dates, lieux, témoins éventuels
  • Apporte tous les documents utiles (messages, photos, certificats médicaux...)
  • Si on refuse ta plainte ou qu'on te propose une main courante, insiste. C'est ton droit.

2. Par courrier au Procureur de la République

Tu peux écrire directement au Procureur de la République du tribunal de ton domicile ou du lieu de l'agression.

Comment trouver le bon tribunal ?

Pour connaître l'adresse du tribunal judiciaire dont tu dépends, tu peux :

  • Aller sur le site et rechercher le tribunal judiciaire de ta ville ou de la ville la plus proche
  • Appeler le 3039 (service d'information du ministère de la Justice)
  • Te renseigner auprès d'une association d'aide aux victimes

Tu envoies ensuite ta lettre à : Monsieur le Procureur de la République Tribunal judiciaire de [nom de la ville] [Adresse du tribunal]

Avantages :

  • Tu prends le temps de bien formuler
  • C'est moins confrontant qu'un face-à-face
  • Tu gardes une trace de ton envoi (recommandé avec accusé de réception)

Inconvénients :

  • C'est plus long
  • Tu seras quand même convoqué·e pour une audition

3. La plateforme en ligne

Tu peux signaler les violences sur la plateforme officielle arretonslesviolences.gouv.fr et discuter avec des policiers formés par tchat, 24h/24, 7j/7. Ils peuvent t'orienter vers un dépôt de plainte.

Cette plateforme te permet de :

  • Poser des questions de manière anonyme
  • Obtenir des conseils sur tes démarches
  • Être mise en relation avec un service de police ou de gendarmerie
  • Prendre rendez-vous pour déposer plainte

Lien direct : https://arretonslesviolences.gouv.fr

L'enquête : à quoi t'attendre

Une fois la plainte déposée, une enquête commence. Ça peut être long. Très long. Des mois, parfois des années.

Ce qui peut se passer :

  • Tu seras réentendu·e, peut-être plusieurs fois
  • L'agresseur sera convoqué et interrogé
  • Des témoins seront auditionnés
  • Une confrontation peut être organisée (tu as le droit de la refuser)
  • Des expertises psychologiques peuvent être demandées

C'est dur. Tu vas devoir répéter ton histoire. On va te poser des questions intimes, difficiles. Parfois, on va douter de toi. C'est le processus judiciaire, pas un jugement sur ta parole.

L'issue possible : prépare-toi à tout

Le classement sans suite

En réalité, environ 80% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite. C'est un chiffre difficile à accepter, mais il est important de le connaître pour ne pas être pris·e au dépourvu.

Le classement sans suite peut arriver pour différentes raisons. Il existe plusieurs types de classement :

1. Classement pour "infraction insuffisamment caractérisée" Le procureur estime qu'il n'y a pas assez d'éléments pour prouver qu'une infraction a été commise. Ça ne veut pas dire qu'il pense que tu mens, mais que selon les critères juridiques, les preuves sont insuffisantes.

2. Classement pour "absence d'infraction" Le procureur considère que les faits ne constituent pas une infraction pénale. Par exemple, si les faits sont prescrits (trop anciens) ou s'ils ne correspondent pas à la définition juridique d'une agression.

3. Classement pour "auteur inconnu" Quand l'identité de l'agresseur ne peut pas être établie avec certitude.

4. Classement "pour état de santé de l'auteur incompatible avec une mesure judiciaire" Quand l'agresseur est jugé inapte à être poursuivi pour des raisons médicales.

5. Classement pour "opportunité des poursuites" Le procureur décide qu'il n'est pas opportun de poursuivre, même si les faits sont établis. C'est rare mais ça existe.

Ce que ça signifie vraiment :

  • Ce n'est PAS une décision judiciaire qui dit que tu as menti
  • Ce n'est PAS un jugement sur la véracité de ton témoignage
  • Ce n'est PAS la fin de toutes tes possibilités

C'est violent. C'est injuste. Mais ce n'est pas la fin. Tu peux :

→ Contester la décision de classement Tu as 3 mois pour demander au procureur de reconsidérer sa décision. Tu peux apporter de nouveaux éléments ou demander des explications plus détaillées.

→ Porter plainte avec constitution de partie civile C'est une procédure qui te permet de relancer l'affaire directement auprès d'un juge d'instruction. Voici comment ça fonctionne :

Qu'est-ce que c'est ? Quand tu te constitues partie civile, tu demandes à un juge d'instruction (et non plus au procureur) d'enquêter sur les faits. C'est toi qui déclenches l'enquête.

Comment faire ?

  • Tu dois être accompagné·e par un·e avocat·e (obligatoire)
  • Tu envoies une plainte avec constitution de partie civile au doyen des juges d'instruction du tribunal judiciaire
  • Tu devras verser une consignation (une somme d'argent qui sera rendue si ta plainte aboutit, ou gardée si elle est jugée abusive). Le montant varie mais peut aller de quelques centaines à quelques milliers d'euros.
  • Si tu n'as pas les moyens, tu peux demander l'aide juridictionnelle qui peut couvrir tout ou partie des frais

Les avantages :

  • Le juge d'instruction est obligé d'ouvrir une information judiciaire
  • L'enquête sera plus approfondie
  • Tu as un contrôle direct sur la procédure via ton avocat·e
  • Tu peux demander des actes d'enquête spécifiques

Les inconvénients :

  • C'est plus long et plus coûteux
  • C'est plus complexe juridiquement
  • La consignation peut être un obstacle financier

Au minimum, ta plainte reste dans les archives. Si ton agresseur récidive, ça comptera. D'autres victimes pourront s'appuyer sur ta plainte pour renforcer leur propre dossier.

Le procès

Si l'affaire va jusqu'au procès, tu auras besoin d'un·e avocat·e. Tu peux avoir l'aide juridictionnelle si tu n'as pas les moyens. Cette aide est gratuite et automatique pour les victimes de viol et d'autres violences graves.

Le procès, c'est revivre l'agression publiquement. C'est dur. Mais c'est aussi l'occasion d'être entendu·e, que justice soit rendue. Tu peux demander le huis clos (audience fermée au public) pour protéger ta vie privée.

Quelle que soit l'issue, rappelle-toi : la justice des hommes est imparfaite. Un non-lieu ou un acquittement ne signifient pas que tu as menti. Ta vérité reste ta vérité.


Septième partie : Te reconstruire

Les thérapies qui marchent

Toutes les thérapies ne se valent pas pour le traumatisme. Certaines sont spécifiquement efficaces :

L'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) C'est une thérapie qui utilise les mouvements oculaires pour "digérer" le traumatisme. Ça peut paraître bizarre, mais ça marche. Ton cerveau retraite le souvenir traumatique pour qu'il devienne un souvenir "normal", qui ne déclenche plus de crises.

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) Elles t'aident à identifier et changer les pensées négatives qui te pourrissent la vie. "C'est ma faute" devient "J'ai fait ce que j'ai pu pour survivre".

La thérapie somatique Elle travaille directement avec ton corps, là où le trauma est "coincé". Par des exercices, des mouvements, elle aide ton corps à évacuer le trauma.

Les groupes de parole Rencontrer d'autres victimes, ça change tout. Tu réalises que tu n'es pas seul·e, que ce que tu ressens est normal, que la reconstruction est possible.

Trouver le bon thérapeute

Tous les psys ne sont pas formés au psychotraumatisme. Certains peuvent même faire plus de mal que de bien avec des phrases comme "Il faut pardonner pour avancer" ou "Pourquoi tu ne tournes pas la page ?".

Un bon thérapeute :

  • Est formé spécifiquement au psychotraumatisme
  • Ne te juge jamais
  • Ne minimise pas ce que tu as vécu
  • Respecte ton rythme
  • T'explique ce qui se passe dans ton corps et ton cerveau
  • Ne te pousse pas à pardonner ou à "passer à autre chose"
  • Te redonne du pouvoir sur ta vie

N'hésite pas à changer si tu ne te sens pas à l'aise. C'est ta thérapie, tu as le droit de choisir.

Les petits gestes du quotidien qui aident

La reconstruction, ce n'est pas que la thérapie. C'est aussi plein de petites choses au quotidien :

Prendre soin de ton corps

  • Une douche chaude quand tu te sens sale
  • Du sport pour évacuer la colère
  • Des massages pour te réconcilier avec le toucher
  • Une alimentation qui te fait du bien

Créer de la sécurité

  • Un endroit rien qu'à toi où tu te sens en sécurité
  • Des rituels qui te rassurent (une tisane le soir, une musique douce...)
  • Des objets réconfortants (une peluche, une couverture douce...)
  • Une veilleuse si tu as peur du noir

Exprimer ce que tu ressens

  • Écrire dans un journal (tu peux le brûler après si tu veux)
  • Dessiner, même si tu dessines "mal"
  • Chanter, crier dans un coussin
  • Créer (musique, peinture, poterie...)

Te reconnecter au présent

  • La technique du 5-4-3-2-1 : nomme 5 choses que tu vois, 4 que tu entends, 3 que tu touches, 2 que tu sens, 1 que tu goûtes
  • La respiration carrée : inspire 4 temps, bloque 4 temps, expire 4 temps, bloque 4 temps
  • Les pieds nus dans l'herbe
  • Une bougie parfumée à regarder

Le temps qu'il faut

On va peut-être te dire de "passer à autre chose", que "ça fait longtemps maintenant". Ne les écoute pas.

Il n'y a pas de durée "normale" pour se reconstruire. Certain·es mettent des mois, d'autres des années. Ce n'est pas une course. C'est ton chemin.

Tu auras des hauts et des bas. Des jours où tu te sens fort·e, d'autres où tu as l'impression de retomber au fond du trou. C'est normal. La guérison n'est pas linéaire. C'est plutôt une spirale : tu reviens sur les mêmes thèmes, mais chaque fois un peu plus haut.


Huitième partie : Les ressources pour t'aider

Les numéros à connaître

En urgence :

  • 17 : Police/Gendarmerie
  • 15 : SAMU (urgence médicale)
  • 114 : Numéro d'urgence par SMS (si tu ne peux pas parler)

Pour parler :

  • 0 800 05 95 95 : Viols Femmes Informations (anonyme et gratuit)
  • 39 19 : Violences Femmes Info
  • 119 : Allô enfance en danger (pour les mineurs et jeunes majeurs)
  • 30 18 : E-enfance (pour le harcèlement/cyberharcèlement)

Les tchats en ligne

Notre association peut t'aider

Si tu as besoin d'accompagnement, de soutien ou d'informations, notre association est là pour toi.

Pour nous contacter, il suffit de cliquer sur le bouton "Je veux de l'aide !" en bas à droite de ton écran.

Nous proposons :

  • Une écoute bienveillante et sans jugement
  • Des informations sur tes droits et tes options
  • Un accompagnement dans tes démarches si tu le souhaites
  • Une orientation vers des professionnels spécialisés
  • Du soutien tout au long de ton parcours

Tu n'es pas seul·e. Nous sommes là.

Les lieux de soins spécialisés

Les Centres de Psychotrauma Soins gratuits et spécialisés. Les délais peuvent être longs mais ça vaut le coup.

Les Unités Médico-Judiciaires (UMJ) Pour les constats médicaux, les prélèvements, les certificats. Accueil spécialisé pour les victimes.

Les CMP (Centres Médico-Psychologiques) Soins psychologiques gratuits. Tous ne sont pas spécialisés dans le trauma, renseigne-toi.

Les CPEF (Centres de Planification et d'Éducation Familiale) Pour les questions de santé sexuelle. Gratuit et confidentiel, même pour les mineurs.


Message final : Tu vas t'en sortir

Je sais que là, maintenant, tu as peut-être l'impression que ta vie est foutue. Que tu ne seras plus jamais comme avant. Que cette douleur ne partira jamais.

C'est vrai, tu ne seras plus jamais exactement comme avant. Mais ça ne veut pas dire que tu ne peux pas aller bien à nouveau. Différemment, mais bien.

Un jour, tu te réveilleras et tu réaliseras que tu n'as pas pensé à l'agression depuis plusieurs heures. Puis plusieurs jours. Ce ne sera plus la première chose à laquelle tu penses le matin.

Un jour, tu pourras à nouveau faire confiance. Pas naïvement, mais sainement. Tu pourras aimer et être aimé·e. Tu pourras ressentir de la joie sans culpabilité.

Un jour, ton histoire sera une partie de toi, mais elle ne te définira plus. Tu seras une personne qui a survécu, qui s'est reconstruite, qui est plus forte qu'elle ne l'imagine.

Ce jour n'est peut-être pas pour demain. Peut-être pas pour dans un mois ou même un an. Mais il viendra.

En attendant, sois doux/douce avec toi-même. Tu fais de ton mieux avec les cartes qu'on t'a données. Chaque jour où tu continues, où tu te lèves, où tu respires, c'est une victoire.

Tu n'es pas seul·e. Tu n'es pas brisé·e. Tu mérites d'être aidé·e. Tu mérites d'aller mieux. Et tu iras mieux.

Prends le temps qu'il te faut. Demande de l'aide. Tombe et relève-toi. Pleure quand tu en as besoin. Ris quand tu peux.

Tu es en vie. Tu es là. Et ça, c'est déjà extraordinaire.

Tu es plus fort·e que tu ne le crois.


Ce guide a été écrit avec tout mon cœur pour toi qui le lis. Il ne remplace pas une aide professionnelle, mais j'espère qu'il t'apportera des réponses, du réconfort, et surtout l'espoir que les choses peuvent aller mieux. Parce qu'elles le peuvent. Vraiment.